Pour elle, c’est comme si une deuxième carrière commençait. En atteignant les demi-finales à Roland Garros, Loïs Boisson est sortie de l’ombre. Son formidable parcours porte d’Auteuil lui a fait gagner près de 300 places WTA. Là voilà désormais 65ème joueuse mondiale et numéro une française. Pour cette habituée du circuit secondaire, les prochaines semaines s’annoncent comme un véritable plongeon dans l’inconnu.
Car oui, c’est clairement un nouveau monde et une nouvelle vie qui attendent la tricolore. Pour l’attraction de ce Roland Garros 2025, plus rien ne sera comme avant. Grâce à son parcours sur la terre battue parisienne, elle a intégré le top 100, cette fameuse barrière invisible entre l’ombre et la lumière, entre les galériens qui bataillent dans les challengers et ceux dont le nom commence à compter. Étant donné la méthode de calcul du classement WTA, Boisson est quasiment assurée de figurer dans le top 100 pendant au moins un an.
Nouveau classement, nouveau statut et nouvelle vie
Pendant les douze prochains mois, elle sera donc du bon côté de la barrière : elle va découvrir les autres tournois du Grand Chelem (et leur-prize money généreux) et les plus beaux stades du monde. Elle va aussi découvrir les attentes du public, les regards des autres joueuses et les critiques des médias. Quand on est habitué à jouer des ITF et des challengers en plein anonymat, cela fait beaucoup de changements à digérer. Et tout ça ne s’apprend pas en un jour. Alors laissons-lui le temps de se familiariser avec son nouveau monde.
Boisson n’est pas comme les enfants prodiges Gauff ou Alcaraz conditionnés depuis leur plus jeune âge à gérer une telle pression. Il faudra se montrer indulgent et ne pas l’enterrer dès la moindre contre-performance. Et ce dès Wimbledon (si elle obtient une wild-card). La Dijonnaise n’a jamais disputé de tournois professionnels sur gazon. La voir performer au All England Club relèverait davantage de la belle surprise que de la logique.
Pas responsable des mauvais résultats des Françaises
Pour le public et les médias, faire preuve de patience sera d’autant plus compliqué que le tennis féminin français traverse une profonde crise. Depuis la saison de Garcia en 2022, on n’a pas grand chose à se mettre sous la dent. Ces années de frustration ont forcément créé en nous de sérieuses attentes. Mais il serait injuste de faire peser le poids de tous nos espoirs sur les jeunes épaules de Boisson, propulsée numéro une française du jour au lendemain. Oui elle a battu Pegula et Andreeva. Oui on a envie de la voir jouer à nouveau les premiers rôles en Grand Chelem. Mais il ne faut pas oublier qu’elle n’est “que” 65ème mondiale. A une autre époque, elle n’aurait jamais eu à porter si tôt le costume de leader tricolore et aurait pu grandir tranquillement dans son coin.
L’épopée de Boisson peut rappeler celle vécue par Gaston en 2020. D’abord dithyrambique à son égard, la sphère tennis n’avait pas ménagé le Toulousain quand ce dernier n’avait pas pu confirmer ses belles promesses semées porte d’Auteuil. “On m’a mis tout en haut puis tout en bas de l’affiche”, regrettait même le gaucher au toucher soyeux dans une interview accordée à Eurosport. Il serait sage de ne pas reproduire les mêmes erreurs lorsque Boisson traversera, inévitablement, les premières périodes de doute de sa deuxième carrière.
“On m’a mis tout en haut puis tout en bas de l’affiche”
Des parcours inattendus en Grand Chelem, ce n’est pas nouveau. Certains, comme Karatsev ou Cecchinato, ont su enchaîner immédiatement après leur percée avant de retomber dans l’ombre. D’autres, à l’image d’Ostapenko, ont connu un creux avant de revenir progressivement au premier plan. Quel sort va connaître Boisson ? Au lendemain de ce Roland Garros 2025, tout ce que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien. Alors évitons toute conclusion hâtive. Même si ses prochains matchs ne seront pas à la hauteur de son épopée parisienne.
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Commentaires
Soutenons-la sans précipitation. Merci pour cet article !