Sinner a-t-il manqué au circuit ?

Publié le 30 avril 2025 à 22:57

La suspension du numéro un mondial arrive à son terme. Si son absence n’a pas semblé interminable, il existe plusieurs raisons de se réjouir de son retour.

Plus que quelques jours avant le retour du patron. Suspendu jusqu’au 4 mai, Jannik Sinner retrouvera les terrains à l’occasion du tournoi de Rome (7/18 mai). Entre la finale de l’Open d’Australie et le début du tournoi romain, le numéro un mondial aura manqué un peu plus de trois mois de compétition et notamment quatre Masters 1 000. Le circuit a-t-il souffert de son absence ? 

On ne va pas mentir, on n'a pas déclenché le compte à rebours. Il serait faux de dire qu'on attend autant le retour de l'Italien que celui de Federer ou de Nadal à l'Open d'Australie 2017. Sinner a beau être le numéro un mondial, il n’a ni le jeu spectaculaire de ses glorieux aînés, et encore moins leur charisme. Sa personnalité réservée et son tennis davantage méthodique que fantaisiste ne soulèvent pas vraiment les foules, à part celles de son  pays. Et peu importe ce qu’on pense de son affaire de dopage, celle-ci n’a pas dû renforcer sa cote de popularité.

Côté joueurs, on ne prend pas trop de risques si on affirme que le transalpin n’a pas été regretté par tous ses collègues durant ces trois mois. On ne pense pas à ceux qui l’ont critiqué publiquement, comme Kyrgios, mais plutôt à ceux qui ont profité de son absence pour briller. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. 

Un circuit plus ouvert

Durant l'absence de Sinner, quatre Masters 1 000 ont eu lieu, dont deux sur dur, une surface où l’Italien ne laisse que des miettes à ses adversaires depuis un peu plus d’un an (seuls Alcaraz et Rublev l’ont battu sur dur en 2024). Ce n’est sans doute pas un hasard si les tournois de Miami et Indian Wells ont accouché de lauréats (un peu) surprenants. Est-ce que Draper et Mensik appartiendraient au cercle des vainqueurs de Masters 1 000 s’ils avaient croisé le numéro un mondial sur la route de leur titre ? Le doute est sérieusement permis. L’absence de Sinner a laissé une brèche et certains s’y sont engouffrés pour changer de dimension. 

Enfin, si l’absence du protégé de Simone Vagnozzi et de Darren Cahill n’a pas semblé interminable, c’est aussi parce que Sinner n’a jamais été un personnage central sur terre battue (un seul titre remporté avec le modeste 250 de Umag). Le dernier mois de sa suspension a coïncidé avec le coup d’envoi de la saison sur ocre. Sur cette surface, il n’est pas encore le champion sans faille qu’il est devenu sur dur mais plutôt un (excellent) joueur parmi d’autres.

Mais ce dernier argument peut être tourné dans un autre sens. C’est précisément parce que l’Italien n’est pas aussi dominant sur terre battue que son absence peut nourrir quelques frustrations chez les amateurs de la petite balle jaune. Sinner a survolé l’Open d’Australie trop facilement et sa domination fut presque ennuyante tant elle a nuit au suspense. Mais sur terre battue, c’est une autre histoire. On aurait été très curieux de voir si la machine si bien huilée sur dur n’aurait pas déraillé sur l’ocre monégasque ou madrilène. 

Heureusement, le hasard, ou plutôt l’AMA, fait bien les choses puisque Sinner reviendra à temps pour Rome et surtout pour Roland Garros. Avec la même issue qu’à Melbourne ? On a hâte de le savoir… Mais a priori, il ne partira pas favori face à Alcaraz pour soulever la Coupe des Mousquetaires. 

Vivement le retour des Alcaraz/Sinner

Sa rivalité avec l’Espagnol est peut-être ce qui nous a le plus manqué durant ces trois mois. La suspension du numéro un mondial n’a pas forcément laissé un grand vide. Mais l’absence de duel Alcaraz/Sinner oui. Il n’y a toujours pas eu de confrontation entre les deux phénomènes en 2025 et le circuit en est un peu orphelin. La dernière remonte à octobre 2024 lors du tournoi de Pékin et elle fut franchement magnifique. 

Enfin, l’absence de Sinner peut s’avérer préjudiciable pour une dernière raison : avec lui, le niveau général du circuit monte d’un cran. L’Italien a atteint un tel niveau qu’il force ses adversaires à l’excellence et on a hâte de voir les jeunes loups comme Fonseca ou Mensik se mesurer à la référence ultime. Sa seule présence dans un tournoi donne plus de valeur à un titre. 

Pendant son absence, le circuit a connu une petite période d'instabilité. Alcaraz et Zverev ont été incapables de menacer sa place de numéro un mondial. Djokovic n’a plus l’énergie pour mener cette bataille. Des habitués du top 10, comme Medvedev, Rublev ou Tsitsipas ont dégringolé au classement. Bref, il est temps que le patron revienne pour remettre de l’ordre dans la maison.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.