US Open - Le double mixte transformé en super show : idée brillante ou mépris total ?

Publié le 7 août 2025 à 20:23

En conviant les stars du simple à participer au tournoi du double mixte au détriment des spécialistes de la discipline, l’US Open a instauré une petite révolution de manière assez brutale. Alors, bonne ou mauvaise idée ?

Alcaraz / Raducanu, Sinner / Navarro, Sabalenka / Dimitrov ou encore Swiatek / Ruud. Il ne s’agit pas de nos favoris pour remporter l’US Open, mais bien de quelques-unes des paires engagées en double mixte pour le dernier Grand Chelem de la saison. A ce casting XXL, il convient d’ajouter d’autres associations séduisantes comme le duo russe entre Medvedev et Andreeva ou celui italien composé de Musetti et Paolini, sans oublier l’intriguant Kyrgios / Osaka.

Vous l’aurez compris, l’US Open a instauré une petite révolution pour son tournoi de double mixte. L’épreuve se disputera le 19 et 20 août pendant la semaine de qualification et l'équipe gagnante repartira avec un chèque d'un million de dollars. L’appât du gain a fait son effet, puisque 18 des 20 meilleurs joueurs et joueuses actuels ont déjà répondu présents. Pour rappel, 16 équipes composeront le tournoi : huit directement qualifiées selon les classements de simple cumulés des deux partenaires, les huit autres désignées sur invitation. Pour l’éthique sportive, on repassera… 

Ce seront donc les stars du simple qui disputeront le tournoi de double mixte. L’idée semble claire : redonner un élan à une discipline en perte de vitesse et générer du business supplémentaire via la billetterie, les droits TV et la consommation sur place. Pour poursuivre ce double objectif, attirer les plus grandes stars de la planète tennis paraît tout à fait logique. Oui mais il y a un mais. Et même plusieurs. 

“Les vainqueurs recevront le titre officiel de vainqueur du double mixte de l'US Open. Sauf que ce sera dur de les considérer comme tels”

Le premier d’entre eux, c’est de transformer d’un coup de baguette magique un tournoi du Grand Chelem en une exhibition. Car c’est bien de ça dont il s’agit. Il suffit de regarder les règles spéciales décidées pour l’épreuve (sets de quatre jeux, pas d’avantage et super tie-break pour la manche décisive) et le mode de désignation des équipes (la moitié des paires sont invitées par l'organisation) pour comprendre que le tournoi n’a de Grand Chelem que le nom. “Les vainqueurs recevront le titre officiel de vainqueur du double mixte de l'US Open. Sauf que ce sera dur de les considérer comme tels”, regrettait Roger-Vasselin dans des propos rapportés par Eurosport.

D’ailleurs, la petite maladresse d’Alcaraz, qui a qualifié l’épreuve de “fun”, ne trompe pas. Les propos de l’Espagnol ont même pu agacer certains spécialistes du double. “Quand on entend dire des participants qu'ils vont bien s'amuser tout en se préparant pour l'US Open, c'est gênant. Un Grand Chelem, ce n'est ni une préparation, ni un amusement”, déplorait Kristina Mladenovic, toujours sur Eurosport. 

Renforce les inégalités financières

Kiki, tout comme ERV, font partie des grands perdants de cette innovation made in USA. Du jour au lendemain, les deux tricolores et les autres experts du double se voient retirer le droit de jouer l’un des quatre tournois les plus importants de l’année. La pilule doit difficilement passer, a fortiori quand on sait que les Grand Chelem constituent pour eux une source de revenu très importante. De ce point de vue, la nouvelle formule semble injuste : alors que le tennis est déjà critiqué pour ses inégalités économiques, elle renforce un peu plus le déséquilibre entre les stars du simple et les autres. 

Encore une fois, ce sont les cadors des circuits ATP et WTA qui vont toucher le gros lot. A côté des cinq millions de dollars qu’ils peuvent empocher en cas de triomphe en simple, le million de dollars promis à la paire victorieuse apparaît comme la cerise sur le gâteau. Pour les spécialistes, le prize money du double mixte, c’est plutôt une part de leur gâteau qu’on leur ôte de la bouche. Et ces derniers peuvent s’inquiéter : si la formule s’avère une réussite, qui sait si les tournois du Grand Chelem n’auront pas envie de la prolonger au-delà du double mixte et de l’appliquer au tournoi de double classique ?  

Un compromis semble plus juste

Tout n’est pas à jeter pour autant. Si le double mixte reste une discipline historique, il a clairement perdu de sa superbe. Pour être honnête, il ne passionne plus grand monde et même les observateurs les plus assidus peineront à vous citer les derniers vainqueurs en Grand Chelem de cette épreuve singulière. Certes, les motivations de cette petite révolution new-yorkaise sont avant tout financières, mais l’US Open aura le mérite d’offrir un coup de projecteur à une discipline tombée dans l’anonymat. 

Le problème, c'est que ces projecteurs seront braqués essentiellement sur les cadors du simple et non sur l’épreuve du double mixte en elle-même. Pour le moment, seule une paire de spécialistes a été conviée par l’organisation, à savoir le duo italien Errani / Vavassori. Peut-être qu’un compromis aurait été plus judicieux. Allez, on se lance : pourquoi ne pas imaginer des équipes où une star du simple ferait cause commune avec l’un des meilleurs spécialistes du double ? Autre piste : un tableau partagé, avec d’un côté des duos composés de Sinner, Sabalenka et consorts, et de l’autre, des paires constituées par Mladenovic, Roger-Vasselin et les autres experts de la discipline. Le show et le business, avec plaisir, à condition de ne pas oublier ceux qui incarnent vraiment le double mixte

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Commentaires

Luigi
il y a 3 jours

Analyse toute en mesure, les avantages et les inconvénients sont très bien présentés! On apprend beaucoup