Sinner et Alcaraz sont au-dessus du lot. On le savait déjà au lendemain de Roland-Garros, on le constate encore davantage à l’issue de ce Wimbledon. Les deux monstres se sont partagés les sept derniers tournois du Grand Chelem et on imagine difficilement la meute de prétendants, y compris Djokovic, mettre fin à cette série.
Une fois encore, le majeur londonien n’a fait que confirmer, avec éclat, un constat déjà bien établi qui ne date pas d’aujourd’hui. Mais il a aussi affiné la carte du cosmos tennistique : si Alcaraz et Sinner évoluent dans une autre galaxie, l’Italien semble en être le centre de gravité.
Certes, ce dernier trône au sommet du classement ATP depuis plus d’un an. Mais jusqu’à ce Wimbledon, il était difficile d’affirmer que le protégé de Simone Vagnozzi et de Darren Cahill était le patron incontesté du circuit. Parce qu’Alcaraz avait remporté trois des cinq derniers Grands Chelems et aussi ses cinq dernières confrontations contre Sinner. Pour schématiser, on avait l’impression que les deux joueurs étaient globalement du même niveau, même si Jannik faisait preuve de plus de régularité quand Carlitos brillait par fulgurances.
Tenant du titre de trois majeurs
Au lendemain de ce Wimbledon, la donne a changé. Alors oui, il faut se méfier de la culture de l’instant et rappeler que Alcaraz mène dans la course aux Grands Chelems (cinq titres vs quatre titres), aux Masters 1 000 (sept titres vs quatre titres) et dans les face-à-face (8/5). Mais si on prend un peu de recul, il semble bien que Sinner soit désormais un petit cran au-dessus de son rival.
Ses accomplissements depuis sa prise de pouvoir sont assez phénoménaux et rappellent les périodes de suprématie des membres du Big Three. Le transalpin est désormais tenant du titre de trois majeurs et il s’en est fallu de peu pour qu’il ajoute Roland-Garros à sa razzia. Une domination qui se traduit au classement ATP puisque près de 3 500 points le séparent de son dauphin ibérique. Alcaraz est certes premier à la Race. Mais suspendu trois mois en début d’année, Sinner pouvait difficilement lui contester cette position.
Au-delà des chiffres, c’est surtout le tennis sans faille du numéro un mondial qui impressionne. Sa mécanique bien huilée ne déraille (presque) jamais. Même Djokovic, qui avait pourtant battu Alcaraz à l’Open d’Australie en début d’année, n’a pas pu inscrire le moindre set contre lui à Roland-Garros et à Wimbledon.
Alcaraz découvre l’impuissance
Carlitos avait beau l’avoir dominé lors de leurs cinq dernières confrontations avant cette finale de Wimbledon, jamais on n’avait eu le sentiment qu’il exerçait une véritable emprise sur son rival. Ces cinq affrontements avaient tous été très disputés, et Sinner semblait même avoir l’ascendant dans chacun d’eux avant de finir par céder, à l’exception peut-être de leur finale à Rome. Presque à chaque fois, et surtout à Roland-Garros, Alcaraz trouvait la solution un peu par miracle, sur un fil.
C’est donc le 13 juillet, dans le temple du tennis, que le Murcien est tombé du fil. D’ailleurs, quand il remporte le premier set, cela relève un peu du miracle. Mais au fur et à mesure du match, on comprenait que le triomphe de Sinner devenait inévitable. Impuissant, le joueur entraîné par Ferrero confiait à sa box ne pas trouver de solution contre un adversaire tout simplement trop fort, même pour lui. Et étonnamment, le double tenant du titre s’est résigné au fil du match et son attitude lors de la cérémonie, très fair-play au passage, semblait révéler une forme d’acceptation de la domination adverse.
Un niveau de jeu moyen plus élevé
Cette finale a confirmé une impression déjà perceptible à Roland-Garros, et peut-être même avant : pour s’en sortir, Alcaraz est obligé de se sublimer et d’activer le “mode génie” face à un adversaire dont le niveau de jeu moyen est plus élevé. Mais là où la victoire de Sinner est très significative et marque peut-être un tournant dans leur rivalité, c’est qu’elle est intervenue sur gazon, une surface qui semblait mieux convenir au jeu de l’actuel numéro deux mondial. Désormais, la situation est claire : quel que soit le terrain, quelle que soit la surface, quel que soit le tournoi, Sinner entrera sur le court dans la peau du favori.
Voilà la vérité d’aujourd’hui, qui n’est donc pas forcément celle de demain. Evidemment, Alcaraz peut inverser la situation dans les mois qui arrivent. Après tout, il a deux ans de moins que son meilleur ennemi, une palette technique plus étendue et sa marge de progression semble plus élevée, notamment au service (un coup qu’il a déjà bien amélioré ces dernières semaines), au retour et dans la gestion des temps faibles. Depuis le début de sa jeune carrière, il n’a cessé de nous bluffer. Contester la suprématie de Sinner sur le circuit, voilà un défi à la hauteur de son immense talent. Rendez-vous le 7 septembre pour la finale de l’US Open ?
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Commentaires
Hâte du 7 septembre 🤩